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lundi 1 février 2010

DECLARATION DE LA LIGUE ITEKA SUR LE CONTEXTE DES DROITS HUMAINS ET DES ELECTIONS AU BURUNDI

A l’issue de son Assemblée Générale ordinaire et élective qui s’est tenue du 30 au 31 janvier 2010 et qui a réuni les représentants des 31 sections implantées à travers le pays, la Ligue Burundaise des Droits de l’Homme ITEKA constate que le contexte sociopolitique qui règne dans le pays est critique et inquiétant, à la veille des élections et en pleine recensement électoral.

1.Les représentants des sections dressent une situation inquiétante des droits humains et un contexte préélectoral qui présage un échec électoral si des mesures ne sont pas prises pour prévenir ce danger.

2.Concernant le recensement électoral, la Ligue ITEKA trouve que cette opération se déroule au ralenti alors qu’elle constitue une étape primordiale des élections, sa réussite conditionne en effet celle des différents scrutins. La Ligue ITEKA est préoccupée par la sensibilisation déficitaire pour l’enrôlement des électeurs, des enseignements qui désorientent la population et l’empêche d’aller se faire inscrire sur les listes des électeurs.

3.Les représentants des sections de la Ligue ITEKA décrivent une série d’irrégularités qui cachent mal la volonté de certains burundais de torpiller le déroulement normal du recensement en général et des élections en particulier.

4.La Ligue ITEKA constate avec amertume que beaucoup de burundais en âge de voter manquent de documents indispensables notamment la Carte Nationale d’Identité pour l’inscription au rôle d’électeurs au moment où ce document a parfois été établi mais n’a pas été distribué par certains administrateurs ou a été irrégulièrement octroyé à des enfants de moins de 18 ans.

5.Pour ce qui est de l’état sécuritaire dans le pays, la Ligue ITEKA regrette une fois de plus la recrudescence de l’insécurité et de la criminalité, qui se généralise à travers tout le pays et qui, dans la majorité des cas, est liée à l’intolérance politique entre militants des partis politiques en compétition électorale et au banditisme. Des confrontations parfois sanglantes entre jeunes militants du parti CNDD-FDD au pouvoir et ceux d’autres partis d’opposition entre autres les jeunes des FNL et les militants de l’UPD-Zigamibanga sont signalés ici et là dans le pays.

6.Dans certains coins du pays comme dans la province de Bujumbura rural, la population se trouverait dans une peur panique face à une résurgence de groupes armés qui menaceraient de faire retourner le pays dans la guerre.

7.Les armes qui circulent dans la population civile contribuent à la détérioration de la sécurité et de la situation des droits de la personne humaine dans le pays. La Ligue ITEKA remarque que la politique de désarmement de la population civile n’est pas encore effective.

8.La Ligue ITEKA regrette que certains éléments de la police et de l’armée continuent à commettre des forfaits et que certains d’entre eux ne soient pas punis.

9.Concernant la situation des droits humains dans le pays, les représentants des sections de la Ligue ITEKA en Assemblée Générale font toujours état des phénomènes de tortures dans les cachots de police notamment en province de Kayanza et dénoncent les conditions carcérales déplorables génératrices de maladies, des cas de corruption sur les routes commis par des policiers, le détournement des aides par certains administratifs. Ils relèvent également des cas de viols dont les femmes et les enfants sont victimes, des cas de concubinages non punis, une situation d’insécurité alimentaire et le paludisme devenu pandémique dans certaines provinces du pays.

Compte tenu de tout ce qui précède, la Ligue ITEKA recommande ce qui suit :

Au Gouvernement :

1.de sensibiliser les Burundais à répondre au recensement électoral en cours ;

2.de garantir la sécurité générale des biens et des personnes ;

3.de s’assurer que les agents publics sont au dessus des tendances partisanes, et s’emploient à protéger les droits de la personne humaine et à prévenir toute forme de violences dans leurs entités respectives ;

4.de poursuivre sans relâche le désarmement de la population civile.

A la Commission Electorale Nationale Indépendante :

De s’assurer que tous les burundais en âge de voter ont accès à l’enrôlement des électeurs.

A la Communauté Internationale :

De continuer à appuyer le Burundi dans la conduite d’un processus électoral apaisé.

Fait à Bujumbura, le 31 janvier 2010

Pour la Ligue ITEKA asbl

Dr David NAHIMANA

Présiden

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